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25/02/2020

J'irai élever des chèvres dans le Larzac (ou comment rebondir après un burnout)


« J’irai élever des chèvres dans le Larzac » . Cette phrase, je l’ai souvent entendue. Oh, pas exactement celle-là bien entendu, mais du genre « tout, n’importe quel job, mais pas retourner dans cet enfer ! ».

Le burnout, phase aigüe de l’épuisement professionnel, outre les pathologies plus ou moins sévères qui l’accompagnent, est souvent aussi générateur de rejet vis-à-vis de son travail. La personne ne veut plus, ne peut plus, en entendre parler. Cela lui fait trop mal, réveille trop de douleur et d’angoisses. Alors, que faire ? Rester à a maison indéfiniment n’est pas la solution. La mise au repos est bien sûr une phase indispensable dans le processus de guérison et en même temps, il est nécessaire de conserver une certaine activité adaptée à son état et lors de son rétablissement. Et quand vient la question du retour au travail, il s’agit de reconstruire quelque chose qui a été endommagé, si pas détruit, comme la confiance en soi ou sa motivation par exemple…

Pour pouvoir développer sa résilience, c’est-à-dire la capacité à rebondir, il convient d’abord de bien comprendre ce qui s’est passé, afin de ne pas reproduire la situation. Parce que comme « mêmes causes, mêmes effets », si le burnout n’est pas compris et intégré intellectuellement et émotionnellement, le risque de rechute est important.

Quelles ont été les facteurs et les causes du burnout ? S’agit-il de facteurs externes ? Temporaires ou récurrents ? Y a-t-il des facteurs internes ? Lesquels ? Perfectionnisme ? Idéalisme ?

Les neurosciences ont démontré que 90% de notre stress provient de nos états internes (émotions, pensées…). C’est aussi une réaction normale et vitale de notre organisme face à un danger (réel ou perçu…) et en même temps un indicateur majeur de conflit interne. Le stress devenu chronique provoque diverses pathologies et s’il s’accompagne d’un épuisement tant physique qu’émotionnel, de déshumanisation et de sentiment d’échec professionnel, on parle de burnout.

Lors de la sortie du burnout, il est important de se poser la question de « Quelle est ma part de responsabilité dans l’histoire ? ». Le but ici n’est pas de se culpabiliser ou de se flageller, mais simplement de comprendre ce qui nous appartient dans cette histoire. Car il n’y pas de burnout sans stress et pas de stress sans états internes…

Faire cet exercice de remise en question permet de comprendre aussi ce qui nous anime, ce qui nous motive et nous rend vivant. Quelles sont mes motivations primaires, c’est-à-dire ce que je fais sans attente de résultat et sans peur de l’échec ? Et mes motivations secondaires ? C’est-à-dire ce que je fais avec plaisir et dans l’attente d’un résultat positif, ce qui me met sous une tension positive (ou négative si le résultat n’est pas au rendez-vous). Y a-t-il aussi des rêves ou des envies que je ne mets pas en action et pourquoi ? (On parle alors de motivation tertiaire). Pourquoi me suis-je autant investi(e) dans mon travail ? Trop ? Quel est le sens de tout cela ? Et surtout, quel est le sens de mon travail ?

Toutes ces questions sont normales lorsque l’on commence à redresser la tête et à envisager un retour à la vie professionnelle. Mais dans quel job ? Retourner dans son ancienne fonction chez son ancien employeur ? Changer de travail ? D’employeur ?

 

C’est là que j’entends encore souvent cette phrase (ou une du même genre) : « J’irai élever des chèvres dans le Larzac » . Et j’entends à travers cela « je ne veux pas retourner à mon travail » alors que la personne souhaite justement revenir dans la vie professionnelle, mais ne sait pas où ni comment…

Bien entendu, ce n’est pas en une seule séance de coaching que nous chercherons ensemble la réponse à cette question. Lorsque le processus de remise en question évoqué précédemment aura réellement été entamé, la personne retrouve peu à peu confiance en elle, en sa motivation et en ses capacités. Un bilan professionnel approfondi me semble indispensable afin de reconstruire sur une base solide un nouveau projet de vie. Et parce qu’il ne faut pas « jeter le bébé avec l’eau du bain », revenir sur ses motivations de base au niveau du travail, et sur ce qui donne du sens. Enfin, même si on ne sait pas encore ce que l’on veut et que l’on sait ce que l’on ne veut plus, on peut commencer à reconstruire quelque chose en prenant le contre-pied.

        ·        Je ne veux plus travailler à Bruxelles ? Ok, à quelle distance de chez moi suis-je prêt(e) à travailler ?

        ·        Je ne veux plus un responsable sur mon dos ? Ok, de quel degré d’autonomie ais-je besoin dans mon travail ?

Ces quelques exemples de questions montrent qu’il est possible de reconstruire quelque chose de positif en partant du négatif. C’est pour moi le point de départ pour amener la personne à transformer peu à peu son « je ne veux plus cela »  par « je veux cela ».

L’objectif final de ce travail est de transformer le méta programme « s’éloigner de »  par celui d’« aller vers ». Tout en vérifiant bien entendu la cohérence entre sa personnalité, ses capacités et ses motivations, et entre ses ambitions et ses moyens.

 

Tout ce processus que je viens de décrire en à peine quelques lignes prend généralement plusieurs semaines ; c’est un investissement pour repartir sur un bon pied . Et de se dire que le burnout a peut-être été une opportunité de changer une trajectoire de vie, même si on revient dans son ancienne fonction chez son employeur, car entretemps, on a trouvé ou retrouvé le Sens dans son travail et dans sa vie…. 

 

Isabelle Notéris

Coach Carrière et Burnout

0496/57.43.51

 

Voici quelques livres qui m’ont inspirée et la liste est loin d’être exhaustive !

-        Sabine Bataille, « Se reconstruire après un burn-out – les chemins de la résilience professionnelle », InterEditions avril 2016

-        Jacques Fradin, « L’intelligence du Stress », Eyrolles, août 2013